Premier livre d’orgue « contenant une messe et les hymnes des principales festes de l’année ».
Odile Bailleux à l’orgue Moucherel/Formentelli de la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi (Tarn). 2CDs Digipack 3 volets XCP 5038/39 Gueul’Ard GA 03-2008, code barre 3361540005038, livret en français, enregistré en Octobre 1983 en la cathédrale d’Albi, durée totale 105’56’’. DIAPASON D'OR (Avril 2009)
Présentation de l'album ici : https://www.youtube.com/watch?v=xI49ys5P6xo
CRITIQUES :
« A la manière d’un Jean Boyer (ayant lui-même livré une splendide version du Livre d’orgue […]), Odile Bailleux a généreusement dépensé dans ses concerts et son enseignement un talent rare, mais ne nous a légué qu’une poignée de disques, actuellement tous indisponibles. Autant dire que, dès son annonce, la publication de cet enregistrement inédit de 1983 était attendu comme un évènement.
Fondée sur une technique solide, cette intégrale du chef-d’œuvre de l’organiste rémois est nourrie du style de la musique instrumentale de son temps (plein-jeu et grand-jeu cousinent par exemple avec l’ouverture à la française) autant que des subtilités du bien-chanter – qui n’est jamais loin du bien-dire. Odile Bailleux donne l’impression de jouer cette musique et son instrument « de haut » : la floraison ornementale de Grigny se coule dans un discours clairement mené par la basse, et l’orgue est fermement tenu en main. Là où, chez d’autres organistes, l’agitation gagne parfois les pièces sur le grand-jeu et l’alanguissement provoque l’enlisement des récits de dessus, Odile Bailleux préfère avancer et déclamer avec éloquence, sans se départir d’une maîtrise de soi sereine en même temps que puissante. En cela, ce n’est rien moins que l’essence du Grand Siècle que l’interprète parvient à combiner avec sa personnalité forte et inventive. Sens imparable des conclusions (magnifiées par de judicieux ralentissements et autres gonflements de l’harmonie), goût pour les suspensions expressives, recherche de tempos rares mais toujours adaptés (à l’instar de l’allure retenue de l’Offertoire) : autant de vertus qui irriguent la majeure partie de cette lecture. […]. Grâce à ce coffret, nous retrouvons avec émotion et bonheur Odile Bailleux, organiste engagée ».
Xavier Bisaro : DIAPASON D’OR (Revue DIAPASON Avril 2009)
Note technique 8/10 : Instrument bien défini, avec du relief et une bonne localisation. Grande dynamique
"Vingt cinq ans après son enregistrement, cette version inédite du livre d’orgue de Nicolas de Grigny est enfin publiée. Nous savons tous que cette œuvre est la plus belle, la plus achevée, de tout le répertoire baroque français pour l’orgue : Grigny, le génial organiste de Reims sonne ici en gloire ! Chaque nouvelle vision est un évènement, c’est bien ici le cas aujourd’hui, la discographie comptant pourtant déjà plusieurs dizaines de versions. Le début des années 80 a vu en France la renaissance de l’orgue ancien avec, entre autres, la restauration de l’orgue monumental de la cathédrale d’Albi par Barthélemy Formentelli, qui fût un évènement retentissant dans le monde de l’orgue.
Odile Bailleux choisit aussitôt pour sa version, cet orgue nouvellement rendu à ses voix originales, de taille similaire à ce que connu Grigny lui-même à Reims. Un grand orgue de cathédrale de seize pieds en montre à cinq claviers et pédalier, apte à rendre la musique de Grigny dans toute sa dimension et toutes ses lumières. Le résultat est passionnant par un rendu sonore somptueux, et surtout par une approche très personnelle d’Odile Bailleux, qui s’en explique d’ailleurs remarquablement dans le texte de la pochette. Pour elle, Grigny puise son inspiration dans la musique de l’opéra Versaillais, aux côtés de Charpentier et de Lully. Mise en scène de la musique d’église, au service de la déclamation. Il nous semble que c’est la première fois qu’une telle approche était tentée, ouvrant des perspectives insoupçonnées, en matière de jeu : les basses de trompettes sont traitées à la manière des violes, les récits animés, y compris la fameuse tierce en taille qui s’éloigne résolument de la marche funèbre, ou encore ces grands jeux menés « tambour battant » et qui emportent tout sur leur passage. Nous sommes éblouis par autant d’éloquence, de rhétorique, de savoir faire pour une musique que l’on croyait pourtant déjà connaître par cœur. Enregistrée en 1983, à une époque ou Odile Bailleux fréquentait beaucoup les formations baroques comme continuiste, notamment à la « grande écurie et la chambre du roi » dirigée par Jean-Claude Malgoire, elle su mettre à profit à ses claviers tous les fruits de son expérience, et les développer à tout l’orchestre.
Ce qui nous transporte le plus dans cette version, c’est le souffle immense qui l’anime d’un bout à l’autre, nous tenant en haleine, porté par cet orgue grandiose aux dimensions d’un texte musical des plus géniaux. Tout y devient orchestral, on entend des bandes de hautbois, de bassons, des gigues, des concerts de flûtes et autres basses d’archet, alchimie des timbres.
Co-produit par les amis de l’orgue de Mouzon (où se trouve un orgue célèbre de Moucherel), et « Orgues en Cévennes », cette production peut enfin voir le jour pour notre plus grande satisfaction. C’est déjà un enregistrement historique, dans tous les sens du terme : Une version qui fera date et qui s’inscrit déjà au sommet ! Un cadeau idéal et original pour les fêtes…"
Frédéric Muñoz (site www.resmusica.com Novembre 2008)